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Rita Chraïbi

Rita Chraïbi, designer et architecte d’intérieur

Rita Chraïbi est native de Rabat. Après son BAC au Lycée Descartes en 91, elle fait du Droit sans grande conviction. En fait, depuis ses 16 ans, elle rêvait de travailler dans la mode. Comme elle était très douée dans le dessin et la création, elle voulait faire des études de stylisme/modélisme. Mais sa mère a posé son véto. Elle lui avait lancé : « on n’a pas besoin d’une couturière dans la famille ! »

Après 3 ans à l’université, elle débute dans le recouvrement. C’était assez musclé : sa famille trouvait qu’elle baignait dans un monde trop masculin et qu’elle ne semblais pas vraiment épanouie. Elle vire de bord et elle va vers le monde des fleurs. Elle a trouvé cette aventure plutôt fraîche et amusante. Comme elle vivait à Rabat, sa mère connaissait pas mal d’ambassadrices : lors de ses parties de bridge à la maison, ses amies étaient toujours en admiration devant ses compositions florales. C’est parti de là. Le bouche à oreille lui a permis de lancer sa petite entreprise à l’âge de 21 ans.

Très vite, elle décide de se développer en ouvrant sa boutique « Floralement Vôtre » à Casablanca. Le succès était au rendez-vous. Mais, l’ambitieuse qu’elle voulait aller plus loin. Un matin, elle eu une nouvelle lubie : se lancer dans le chocolat. Elle s’est alors battu pour ouvrir son show-room en plein cœur du Boulevard d’Anfa et devenir leader dans le domaine. « Ma chocolaterie Millésime » qui fut aussi une très grande réussite et une belle expérience à vivre. Elle l’a d’ailleurs très bien vendu avant d’aller m’installer à Tanger pour des raisons familiales. Et, c’est pendant ses années chocolat qu’elle a
commencé à vraiment se passionner pour le design.

Le déclencheur pour se lancer dans le monde de la décoration ?

Un jour, j’ai ressenti le besoin de transformer mon intérieur. Je n’y connaissais rien du tout, mais j’avais du goût et du flair. La métamorphose a été spectaculaire. Si bien que mes proches m’ont sollicité pour leurs propres intérieurs. J’ai adoré ça, j’y ai trouvé une réelle vocation. Dès lors, je me suis plongée dans tout l’univers de la déco et de l’architecture. De retour à Casablanca, j’ai ouvert une société de promotion immobilière. J’ai commencé à acheter de vieux appartements pour les retaper et les revendre. Ca marchait très fort. En parallèle, je reprends mes études pour être plus crédible dans le secteur. Suite à ça, je m’aventure dans la construction de mon 1er immeuble.
C’était très dur, mais j’ai relevé ce gros challenge. Et surtout, je commence à bien me faire connaître au Maroc comme ailleurs.

Les difficultés et obstacles rencontré des au début au Maroc

En effet, c’était très difficile. En fait, lorsque je me suis lancée dans l’immobilier, j’ai tout de suite pensé à ma grand-mère paternelle qui était un promoteur de talent. Comme si son ombre me suivait. Petite, je l’admirais beaucoup, j’étais impressionnée par son travail. Mais, je ne voulais pas me cantonner qu’à la promotion immobilière. Je voulais aller plus loin dans la création et le design. Or, au Maroc, j’ai très vite compris que les mentalités restent frileuses devant le métier de designer ou décorateur. Car, d’un point de vue culturel et financier également, la clientèle marocaine est habituée à n’avoir affaire qu’à une seule personne, l’architecte. Cette limite était donc très frustrante pour moi. Aussi, lorsque j’ai commencé à avoir une belle notoriété et qu’on m’a fait une belle proposition aux Etats-Unis, à Miami, je n’ai pas hésité longtemps. Mon mari avait aussi envie de changer d’air, alors on a foncé.

La Floride a été un atout pour sa carrière ?

Oui, complètement. En arrivant à Miami, j’ai tout de suite découvert ce que je recherchais : les américains reconnaissent vite ton talent, ils ne payent pas seulement un service, ils montrent totalement leur reconnaissance et ne lésinent pas sur les prix. Et j’avais justement besoin de cette gratitude. En prime, j’ai eu la chance et l’honneur de travailler avec des architectes prestigieux
comme Jean Nouvel et Kobi Karp. Ils m’ont fait très vite confiance pour m’occuper de volet de la décoration dans de formidables projets. Je prends énormément de plaisir et de satisfaction à travailler dans un univers exceptionnellement beau et luxueux. Et, j’ai aussi été agréablement surprise de voir que l’immobilier avait changé : on n’est plus du tout dans l’Amérique bling bling de l’époque. La tendance a réellement changé. Les développeurs et les clients en général recherchent la signature européenne, le minimalisme, les lignes pures. Tout ce qui s’accorde avec ma vision de la décoration d’intérieur.

Le paysage contemporain de l’immobilier et l’évolution technologique ?

Il faut bien évoluer avec son temps. Les nouvelles technologies, les Smart home prennent certes de l’ampleur…mais le design est à mon sens intemporel. Cette évolution ne marque qu’un besoin de confort et de fonctionnalité de plus en plus vivace. C’est un peu comme une voiture que l’on innove au fil du temps et à laquelle on rajoute de nouvelles options. Il y donc a aujourd’hui un besoin de
grand confort qui s’impose de plus en plus dans les maisons. Mais, il faut bien comprendre que technologie ne rime pas forcément avec design. Même si l’on se modernise, le style classique ou scandinave sera toujours plébiscité par certains clients.

Signer avec des partenariats prestigieux avec des griffes de luxe.

Un architecte d’intérieur n’est pas qu’un décorateur. C’est d’abord quelqu’un qui imagine l’espace, qui distribue les pièces, qui travaille main dans la main avec l’architecte DLP pour faire en sorte que le design intérieur soit le plus attractif et réponde aux attentes des clients. Après bien-sûr, il y a tout le volet de la décoration où il faut choisir un mobilier adéquat aux espaces. Du coup, et très certainement parce que je suis toujours restée frustrée dans ce domaine, j’adore m’entourer de grands noms de la haute couture pour mes intérieurs. La fusion entre le design et la mode donne une vraie touche d’élégance aux espaces. Je collabore notamment avec Jean-Paul Gaultier, Christian Lacroix, Louis Vuitton ou encore Hermès dont la gamme « Sellier » est juste divine.
Dans la collection Roche Bobois, il y a aussi de pures merveilles. J’adore jouer avec des tissus signés dans certains coussins d’appoint, des sofas… A défaut de dessiner et d’habiller des femmes, j’habille des salons. J’aime féminiser et apporte une certaine sensualité à mes espaces. Par contre je ne vais pas vers ce qui brille, je ne suis pas très friande du mobilier italien par exemple. Je préfère l’esprit sobre et raffiné, les matières mates et le luxe discret à la française.

La crise du Covid-19 a t’elle eu un impact dans l’immobilier en Floride ?

Vous ne le croirez peut-être pas, mais à Miami, je suis dans une vraie bulle. C’est même devenu l’eldorado de l’immobilier. Alors que la crise sévit partout ailleurs, ici le mètre carré a littéralement explosé. Par exemple, les newyorkais ont subi un énorme traumatisme suite au confinement et beaucoup sont venus en masse acheter et vivre à Miami. Un boom de l’immobilier qui s’explique par
le besoin de vivre dans des villas, des résidences, entouré de verdure et d’espace. Je ne pense pas que ce schéma soit similaire en France, en Espagne ou au Maroc. La majorité des pays souffrent aujourd’hui économiquement de l’impact du Covid, mais bizarrement à Miami c’est la ruée vers l’or. Il faut dire aussi que contrairement aux autres, les américains ont une incroyable facilité à déménager et à changer leurs habitudes. Ils sont prêts à dépenser des millions de dollars pour retrouver une meilleure qualité de vie.

Femme d’affaires accomplie et une maman comblée de 3 enfants. Comment concilier carrière et vie privée ?

C’est simple, je n’ai pas de vie privée (rires). Sincèrement, je travaille comme une dingue, même le week-end. Je vis un rythme effréné à l’américaine. Je n’ai même pas le temps de sortir prendre un café avec mes amis, voir pleinement grandir mes enfants… Le seul petit plaisir que je m’accorde vraiment c’est de courir tous les matins avant d’aller bosser pour garder la forme. Mais bon, je ne veux pas me plaindre non plus. A 47 ans, je suis comblée d’avoir ce métier, d’avoir cette reconnaissance professionnelle et cette chance de m’épanouir dans la création. C’est aussi très important pour moi d’être indépendante, de pouvoir assurer un bel avenir à mes enfants et d’avoir une carrière brillante. Je sais que je suis très chanceuse comparée à d’autres. Mais il n’y a pas de secret : quand on veut réussir, il faut travailler très dur et faire des sacrifices. Et quand on est compétent, on est forcément récompensé.

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