Souad Mekhennet
Souad Mekhennet est née en 1978, fille d’une mère turque et d’un père marocain ; elle a grandi principalement en Allemagne, mais a passé quelques années de son enfance au Maroc. Elle a étudié l’École Henri Nannen de Journalisme à Hambourg et l’Université Johann-Wolfgang Goethe à Francfort
Le prix a été remis à la journaliste native d’Allemagne d’un père marocain et d’une mère turque, lors d’une cérémonie organisée récemment au Musée de la Tolérance de la métropole californienne, devant un parterre de personnalités de divers horizons. « Mme Mekhennet a été reconnue pour son travail prolifique et son courage en tant que journaliste et auteur », relève le centre américain en saluant notamment son « rôle central dans la résolution du cas d’un criminel de guerre nazi majeur ».
Actuellement correspondante internationale et membre de l’équipe du « Desk sécurité nationale » du Washington Post, la journaliste qui a déjà travaillé, entre autres, pour le New York Times et le Herald Tribune, est co-auteur, de « Eternel Nazi: de Mauthausen au Caire, la poursuite implacable du docteur SS Aribert Heim », une enquête publiée en 2014, sur Aribert Heim, le « médecin de la mort » nazi du camp de Mauthausen considéré comme l’un des criminels de guerre les plus recherchés au monde.
En cavale depuis un demi-siècle, le fugitif s’était installé au Caire, sous une fausse identité, au milieu des années 1970 jusqu’à sa mort en 1992 à l’âge de 78 ans des suites d’un cancer. « Souad Mekhennet peut servir de modèle à des millions de personnes, quelle que soit leur foi, leur croyance ou leur nationalité », a déclaré, lors de cette cérémonie, le rabbin Abraham Cooper, doyen associé et directeur de programme au sein de l’organisation juive qui se voue à perpétuer le souvenir des crimes perpétrés par les Nazis.
Dans son intervention, la journaliste et écrivaine a rappelé son parcours en tant que fille d’immigrés vivant en Allemagne mais aussi les valeurs que lui ont transmis ces grands-parents au Maroc, relevant également comment feu Mohammed V avait protégé 250.000 Juifs du royaume des forces d’occupation françaises de Vichy et des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
« En tant que ‘Commandant de tous les croyants’, il a placé tous les ‘gens du Livre’ sous sa protection – juifs, chrétiens et musulmans. De telles histoires ne doivent pas être oubliées, même si elles ne correspondent pas à notre récit dominant », a-t-elle dit. Et d’ajouter: « Je vis maintenant en Amérique et je suis frappée par la façon dont les gens réagissent différemment aux attaques extrémistes selon l’identité de l’agresseur. Les gens ne perçoivent-ils pas le même antisémitisme avec un agresseur chrétien ou né aux États-Unis qu’avec un immigrant ou un musulman? ».
Souad Mekhennet a déjà obtenu plusieurs distinctions pour ses recherches tant sur le terrain en Irak, en Afghanistan, en Algérie et en Libye, mais aussi en tant qu’écrivaine inspirée par ses investigations dans les milieux radicaux.